Au fil de son parcours éclectique, Isabelle Seleskovitch s’est frottée à différents styles, du jazz au théâtre musical en passant par la pop indé. Sa voix tantôt qualifiée de « moelleuse », « sensuelle », « pleine de feeling profond » lui a valu des rapprochements avec certaines divas tutélaires. Mais c’est pour s’affranchir de toute comparaison qu’elle aborde un nouveau répertoire faisant la part belle à ses chansons en anglais. Elle avait déjà timidement glissé quelques compositions parmi les standards dans son précédent disque About a Date. Dans son nouvel album Glass House, entièrement original, l’auteure compositrice s’affirme.
Epaulée par le guitariste et arrangeur Fred Jaillard (collaborateur de Thomas Dutronc et Gabriel Yared entre autres), elle s’aventure vers des territoires musicaux inattendus. Au swing mutin et aux influences fifties de la première heure se mêlent les accents d’une pop-folk intime et habitée. Strates et chœurs soutiennent la voix lead dans des envolées orchestrales. D’autres morceaux plus blues convoquent les sonorités acoustiques de percussions et guitares entêtantes. Autant de textures qui donnent au chant une profondeur et une authenticité nouvelles, en écho à un songwriting léché.
Les textes offrent un savant mélange de candeur et de culot, inspiré par les muses Becca Stevens, Joni Mitchell ou encore Fiona Apple. Sans fard, la vulnérabilité affleure. Car le titre Glass House donne à lire une réalité en creux, entre transparence et ambiguïté. Maison / plafond de verre de poupée fragile, tantôt refuge tantôt cage. Sanctuaire qui renferme l’enfance heureuse mais aussi les désillusions de l’âge adulte, la soif inassouvie d’émancipation. Laboratoire introspectif, qui dévoile ses fondations et ses failles. Miroir piqué de nos fêlures et imperfections, reflétées avec mélancolie et justesse. Et quand la joie perce, c’est une explosion de lumière.
Un album cristallin, soufflé avec force et poli dans la douceur.